Trouver les indices de sa mission de vie dans le transgénérationnel
Ma première newsletter vous parlait de mission de vie.
Aujourd’hui comme promis, nous plongeons en plein cœur du mandat transgénérationnel pour trouver des indices de cette mission de vie.
Cela fait près de 30 ans que j’ai démarré cette quête de la femme épanouie, de la maman aimante, en tendresse et en toucher !
Au départ d’une réussite professionnelle et familiale « dans les standards de ma famille intellectuelle et sans remous», rien ne répondait à mon besoin d’épanouissement personnel.
Ce parcours m’a mise devant le vrai challenge de l’humain dans cette recherche : créer un instant de paix où tout me poussait à la confrontation. Trouver la tendresse et l’amour là où « je sortais déjà les griffes. »
Ce fut un véritable défi de transformation qui m’obligeait à rester en face de mes fonctionnements d’échec, mes faiblesses que j’abhorrais.
Dans le même temps ce fut une plongée dans les racines familiales de ma construction personnelle.
Cette construction humaine est toujours déchirante pour l’enfant et cette connexion pour moi fut bouleversante!
Alors faisons pas à pas… aujourd’hui je pose le cadre des différents courants de la psychanalyse transgénérationnelle et ensuite nous avancerons dans le revécu tellement pointu du revécu transgénérationnel par la psychanalyse corporelle.
Accrochez-vous, on démarre !
Trouver les indices de sa mission de vie dans le transgénérationnel
Transgénérationnel – une définition ?
Il n’existe pas vraiment de définition précise du mot transgénérationnel, mais tous les auteurs évoquent la notion de transmission psychique entre les générations.
1° Sigmund Freud avait bien conscience d’un héritage familial, mais il a écarté cette étude pour se consacrer à ses recherches sur l’Oedipe et la psyché.
2° Karl G. Jung, élève direct de Freud, a développé plus loin l’ébauche de l’influence familiale héritée. Dans le récit de sa vie fait par A. Jaffé (Jung, 1957), Jung témoigne « J’ai toujours pensé que, moi aussi, j’avais à répondre à des questions que le destin avait déjà posées à mes ancêtres, mais auxquelles on n’avait encore trouvé aucune réponse, ou bien que je devais terminer ou tout simplement poursuivre des problèmes que les époques antérieures laissèrent en suspens ». Il a imposé dans la culture générale le terme d’inconscient collectif.
3° Le psychanalyste Didier Dumas proche de Françoise Dolto a été un des pionniers de l’approche transgénérationelle ( années 60). Il développe une clinique de l’autre, une clinique des parents et des ancêtres en soi en se basant notamment sur les apports des traditions anciennes ou chamaniques et sur les travaux de ses prédécesseurs, visant ainsi à combler les manques freudiens par rapport au transgénérationnel. (Dumas, 1985)
Il a donné un cadre au terme de « psychanalyse transgénérationnelle » dans une réelle démarche psychanalytique d’émergence de l’inconscient.
4° Nicolas Abraham et Maria Török, couple de psychanalystes (années 70) ont posé le concept de crypte (càd les événements non assumés et non avoués qui sont enfouis dans l’inconscient) avec le concept de fantôme qui serait sa trace dans des symptômes ou actes bizarres, comme si le fantôme sortait de sa crypte (le caveau intérieur dans lequel le secret inavouable est enfermé) pour venir nous hanter.
Dans leur concept, cet élément inconscient nommé fantôme se transmet de l’inconscient du parent à l’inconscient de l’enfant (Tisseron, Maria Torok, les fantômes de l’inconscient, 2006).
5° Alejandro Jodorowsky est parmi les premiers à clairement parler de la psychogénéalogie comme étant une chaîne de générations où nous payons les dettes du passé comme si une loyauté invisible nous poussait à répéter une situation agréable ou désagréable, un événement traumatique, une mort injuste une maladie ou son écho.
6° C’est à Anne Ancelin Schutzenberger que l’on doit l’essor de la psychanalyse transgénérationelle dans les années 2000. Elle a créé le « génosociogramme », un arbre généalogique constitué des faits marquants et des événements importants, heureux ou malheureux, relevés sur plusieurs générations. Lorsqu’un problème présente des similitudes avec un autre survenu dans le passé, elle parle de « syndrome d’anniversaire » (Schützenberger, 1988). Elle appuie fortement sur le concept de dettes du passé assumées par la descendance.
7° Bert Hellinger, ancien prêtre établit sa méthode de constellation familiale et systémique dès les années 90. Basée sur les jeux de rôle et le psychodrame, il révèle l’inconscient familial incluant les générations précédentes (Bert Hellinger, 2001).
8° Serge Tisseron a été l’un des premiers à analyser les effets pathogènes des secrets de famille dans les années 90. Pour ce psychiatre et psychanalyste, le traumatisme vécu et caché par la première génération peut ricocher sur les générations suivantes.
Le statut du premier événement qui était resté secret et qui s’est encrypté dans le psychisme va évoluer au fil de sa transmission à travers les générations.
Le secret qui était indicible pour son porteur, est innommable à la seconde génération puis devient impensable à la troisième (S.Tisseron, 1990).
9° Serge Lebovici met en lumière une transmission intergénérationnelle dans un bain parental. Chaque parent dans ses observations relevant spécifiquement un mandat transgénérationnel distinct ( autrement dit prenant une place familiale particulière pour assumer une mission héritée d’un parent).
10° Bernard Montaud fonde une nouvelle psychanalyse, par le corps. Basée sur le principe du lapsus corporel, la psychanalyse corporelle permet à chacun de revivre son passé à travers 8 couches de mémoire physique et psychique. Ainsi l’analysant a accès à sa propre construction et aux mémoires familiales qui ont figé sa personnalité traumatique.
Avec recul sur ces différents courants psychanalytiques, je dirais que chaque fondateur cité ci-dessus a trouvé un support pour faire parler l’inconscient et mettre en lumière l’héritage comportemental familial. La diversité des techniques est très large, allant de l’analyse intellectuelle et intuitive de Jung en passant par le génosociogramme visuel de Schützenberger, à la constellation familiale de Hellinger qui procède d’une mise en scène dans l’espace, la psychomagie de Jodorowsky et enfin la psychanalyse corporelle de B. Montaud qui utilise la mémoire du corps sans commentaire pour accéder aux coulisses familiales. Cette multitude de possibilités permet de répondre aux besoins des analysés suivant leur tempérament, leurs freins à dépasser ou leurs prédilections.
Le principe de chaque démarche est de conscientiser et d’ouvrir la porte des émotions et du subconscient . En cela j’ai tendance à dire que chacun trouve chaussure à son pied pour avancer !
Chaque technique m’émerveille par proposition que cela représente pour aller plus loin dans la connaissance de ses schémas familiaux et de la transmission transgénérationnelle ( ou intergénérationnelle suivant les cas).
L’aide thérapeutique de la conscientisation est, pour toutes ces démarches, le socle de base qui donne un nouvel appui pour apprivoiser sa problématique de vie.
Conscientiser une origine transgénérationelle à notre « handicap » de vie permet de ré-envisager ce handicap comme un défi de vie… mission de vie !
Dans une prochaine lettre je propose de démarrer l’étude de cas d’une mémoire transgénérationnelle en psychanalyse corporelle en faisant le lien avec les différents concepts précédents.