La psychanalyse corporelle ® février 2008


Sept niveaux dans le corps

Catherine Berte 
Kinévaria février 2008

Sept niveaux dans le corps vers un apaisement fondamental.

Depuis 50 ans, la kinésithérapie n’a pas cessé d’améliorer ses techniques pour soulager la souffrance. Aujourd’hui, un nouveau besoin émerge dans le soin des patients, celui d’une compétence dans l’accompagnement du bien-être psychologique de la personne.

La psychanalyse corporelle pourrait bien être ce complément d’aide des professionnels du corps permettant un apaisement profond de la personne et une amélioration concrète du quotidien.(1)

Cette psychanalyse novatrice fondée il y a 25 ans par Bernard Montaud, alors jeune kiné et ostéopathe, permet de revivre son passé par le biais du corps à travers 7 niveaux précis de lapsus physiques. Cette technique fiable ne laisse aucune place aux interprétations et permet au corps de revivre et de raconter en toute sincérité, et dans les moindres détails, ce qui est arrivé trente, quarante ou cinquante ans plus tôt.

Le témoignage suivant décrit le cas concret d’Elise dans son revécu de psychanalyse corporelle.

Il permet de percevoir ces 7 niveaux de lapsus physique en lien avec le revécu psychique du passé et donne accès à différents aspects qui mènent à une réconciliation avec son histoire.

Dans les premières séances de psychanalyse corporelle, Elise découvre le premier niveau de lapsus corporel, le spasme sans sens. C’est comme un sursaut qu’elle attend à chaque début de séance, qui lui échappe et se répète, une crispation abdominale associée à un effondrement thoracique: c’est l’entrée en confidence du corps. Loin de toute perte de conscience, c’est l’expérience du « lâcher-prise ». Cette première étape est souvent ressentie comme une expérience positive. Enfin le corps peut s’exprimer ; c’est dans ces premiers balbutiements qu’il le fait. Enfin la tête lâche, enfin la personne peut se laisser aller.

Au fur et à mesure des séances, les lapsus deviennent plus profonds, son corps se met à raconter des bribes avec un engagement croissant : ses bras se replient poings serrés. Pendant le temps de verbalisation qui suit la séance, elle décrit des instants pêle-mêle comme des photographies de famille, des courts métrages où elle endure les efforts permanents qu’elle doit faire pour être un enfant modèle dans cette famille. Ce sont les niveaux trois et quatre de la psychanalyse corporelle. Ici on accède aux couches symboliques de la mémoire psychique.

Dans les deux niveaux suivants, au cours des sessions successives, Elise  a maintenant des gestes concrets : elle est sur le dos et joue avec ses mains. Ensuite elle a les jambes repliées, elle pleure pour appeler sa maman. Ses articulations rentrent peu à peu dans des tensions intenses exprimant déjà les douleurs psychiques qu’elle vit. Dans la verbalisation, elle retrouve sa petite enfance – deux mois après sa naissance. Avec de nombreux éléments concrets, l’essuie bleu avec une girafe sur lequel elle est posée, la présence tendre du papa habillé en pyjama à motifs damassés beiges…

Au dernier niveau de revécu, Elise a le poignet droit complètement fléchi, dans un conflit articulaire intense. Cet ultime lapsus corporel quasi insoutenable manifeste le conflit psychique qui l’habite.

Après la séance, elle exprime toute la douleur de la situation qu ‘elle vient de revivre … Tout avait pourtant commencé dans un moment si tendre!

Ce matin là c’est son papa qui l’a lavée. C’est un tel bonheur de sentir tout l’amour qui les unit, la tendresse des gestes.

Quand sa maman arrive, elle la sent fermée, fatiguée. Elle voudrait tant l’amener avec eux dans cette tendresse. Sa maman est prête à la langer et Elise se met à faire pipi. C’est bon de sentir cette chaleur sur son ventre et ses petites cuisses. Mais Elise le sent, sa maman est furieuse devant ce bébé qui fait pipi sur elle avec un plaisir évident. Alors elle frotte ce ventre et ce sexe de plus en plus fort. Elle est devenue folle. Elise sent toute l’histoire de cette maman qui n’a pas pu faire d’études parce qu’elle était une fille… méprisée par ses frères qui avaient droit à la formation, aux loisirs ! Elle était devenue une femme de devoir assumant la famille et reniant toutes ses envies .

Elise reçoit une terrible leçon dans cette toilette si rude… il lui faudra enlever toute trace de chaleur et de plaisir… elle devra dorénavant tout cacher !

Pendant que sa maman la talque, Elise frôle da déraison: il y a d’un côté, cette sensualité si vivante, mais qui va lui faire perdre sa maman et de l’autre, la femme forte, la femme de devoir : une façade bien rangée pour pouvoir rester dans cette maison! Ces deux mondes ne peuvent pas coexister. Alors dans un choix déchirant, et pour être aimée de cette maman, Elise renonce à sa dimension de petite fille pleine de vie, elle fait le sacrifice de sa féminité. Elle raconte alors avec des larmes si touchantes : «si vous saviez comme elle souffrait cette petite maman, elle était tellement débordée au milieu de tous ces langes à laver, elle avait tellement renoncé au plaisir alors que mon papa était occupé au dehors !»

A ce niveau le plus profond de la psychanalyse corporelle, il n’y a plus ni victime ni bourreau. En effet, ce personnage n’est rien d’autre qu’un gentil papa ou une gentille maman qui a fait tout ce qu’il pouvait, avec lui aussi une histoire ancienne tellement pesante et ses limites d’amour.

Grâce à ce revécu intime et cette profonde réconciliation avec son histoire, Elise pourra désormais apprendre dans une pratique, les petits rendez-vous avec la femme « coincée et responsable » pour en faire de délicieux instants de sensualité et de vie. Précieux rendez-vous qui nous fait grandir en conscience, car seule la victoire sur la répétition du passé offerte par cette pratique régulière nous permet d’échapper au jugement envers soi-même ou les autres et d’améliorer de façon évidente, d’Acte en Acte, sa vie quotidienne.

Découvrir cette nouvelle technique psychanalytique où le corps est la porte d’entrée vers la source profonde de la connaissance de soi et qui vise un réel apaisement dans la vie quotidienne, augure d’une nouvelle dimension passionnante pour les professionnels du corps.

Catherine Berte

Docteur Sciences professeur de génétique

Psychanalyste corporelle

(1) Montaud , Laisse parler ton corps…Fondements de la psychanalyse corporelle, Ed. Eyrolles 2018

Pour plus d’informations :

FB: Psychanalyse-Corporelle-Catherine-Berte
Linkedin.com/in/catherine-berte

1 réaction sur “ La psychanalyse corporelle ® février 2008 ”

  1. Un commentateur WordPress

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